Suite à une récente interview donnée à Redbull France sur l’initiation à l’Alpinisme, il me semblait important de revenir sur quelques détails.
(L’article paru étant dédié à un publique novice, il est à juste titre simple et succinct)
– L’Alpinisme, c’est quoi?
L’Alpinisme est une activité qui combine escalade, escalade sur glace et marche sur glacier, généralement dans un environnement de haute-montagne.
Une page petit Robert : Le mot Alpinisme prend ses racines dans le mot « Alpes », massif Européen dont les sommets sont relativement élevés. Malgré la démocratisation des ascensions dans les Andes et dans les Himalayas, et la tentative d’introduire Andisme et Himalayste, le mot Alpinisme est resté. En anglais, pas de confusion puisque l’on utilise le mot « Mountaineering » (la racine étant mountains, montagnes)
– S’entrainer pour s’élancer
Avant toute chose, il est important de se rendre compte que l’Alpinisme demande 2 choses : un bon jeu de jambes et de bons poumons.
Il y a effet beaucoup de marche et beaucoup de dénivelé à parcourir. Il faut donc s’entrainer à marcher tout en gagnant de l’altitude.
Pour ceux qui souhaitent s’initier, il est recommandé de passer par 3 étapes :
- La randonnée champêtre (randonnée à plat)
- La randonnée en montagne (un peu de dénivelé)
- La randonnée en Haute-montagne (beaucoup de dénivelé)
Ici, on ne cherche pas un muscle explosif. Ce que l’on veut, c’est de l’endurance.
Donnez-vous alors pour objectif d’effectuer des marches de 20km de long (A/R) avec plus de 1500m de D+ dans la même journée.
Étape bonus : s’habituer à marcher avec des crampons et/ou des raquettes.
Marcher sur la glace ou dans la neige est très différent d’une randonnée normale. En hiver, forcez-vous à effectuer des petites randonnées non-exposées avec raquettes ou crampons.
Entrainez-vous à l’escalade.
L’Alpinisme ce n’est pas non plus que de la marche.
Plus les voies sont dures, plus le besoin d’utiliser les mains est présent.
Pas besoin d’être une machine, mais pouvoir grimper du 5b est un minimum. L’idée est d’habituer votre corps à des mouvements de stabilisations, de tractions, et de poussées.
Préparez vos poumons
Haute-montagne veut aussi dire baisse d’oxygène. Cela va rendre vos pas plus lent, et peu aussi avoir des conséquences médicales importantes.
Avant de grimper des sommets au-dessus de 3500m, prenez le temps de vous acclimater à l’altitude. Le but est de donner du temps à votre corps de générer plus de globules rouges.
Cela peut être fait en passant quelques jours vers 3000m, et de poursuivre l’ascension par la suite sans gagner plus de 700m de D+ par jour.
– Comprenez la difficulté d’une voie
La taille d’un sommet n’a rien à voir avec sa difficulté.
La voie normale du Mont Blanc (coté PD-) est bien plus simple à gravir que la voie normale de la Pointe Dufour (coté AD+), alors que ce dernier fait 200m de moins que le Mont Blanc.
Les voies de haute-montagnes disposent généralement d’une cotation universelle qui suit le barème suivant :
- F pour facile
- PD pour Peu Difficile
- AD pour Assez Difficile
- D pour Difficile
- ED pour Extrêment Difficile
- ABO pour Abominablement Difficile
Chaque cotation peut se voir ajouter un signe + ou – pour définir au mieux la difficulté.
Chaque cotation peut se voir ajouter un chiffre romain lorsqu’il y a des passages d’escalade pure.
Chaque sommet peut avoir plusieurs voies. C’est bien la voie choisie qui fait la difficulté d’une ascension, et non la taille du sommet.
– Le matériel
En haute-montagne, il fait froid. L’altitude cumulée à la présence de neige fait rapidement chuter les températures.
S’il peut faire 30°C en vallée, il fera au moins 0°C au sommet.
N’oubliez pas également que la météo peut rapidement changer. On passe vite du beau temps à la tempête.
Couvrez-vous, et préparez-vous au pire.
Investissez dans de bonnes chaussures et chaussettes!
Vos pieds sont les membres les plus importants lorsque vous marchez. Prenez-en soin! Achetez des chaussures qui vous vont.
Pensez donc à bien casser vos chaussures!
Donnez à vos pieds le temps de s’y habituer. Portez les chez vous quelques heures ici et là. Puis faites une petite sortie avec. Puis une plus grande. Puis encore plus grande.
Si vous ne suivez pas ces étapes, au-delà de garantir l’apparition d’ampoules, vos pieds souffriront et votre ascension tournera à la catastrophe.
– Apprendre à lire
Savoir lire les courbes d’une montagne pour trouver la voie à suivre est important.
Regardez des photos, entrainez votre oeil lors de vos sorties, repérez les barres de séracs, les combes, les lieux propices aux avalanches, …
Comprendre le fonctionnement de la météo en haute-montagne est également cruciale. Il s’agit là de votre survie.
La météo peut changer drastiquement en l’espace de quelques minutes. D’une sortie au soleil on passe à un blizzard d’hiver.
Enfin, n’hésitez pas à lire des livres d’alpinistes pour vous inspirer :
Walter Bonatti, Lionel Terray, Joe Simpson, Stéphanie Bodet, …
– La première fois
Pour vos premières sorties, je vous recommande vivement de vous faire accompagner d’un professionnel de la montagne.
Leurs compétences et connaissances vous seront grandement utiles, et vous pourriez en apprendre beaucoup sur la montagne en très peu de temps.
– Les 3 règles d’or de l’Alpinisme
- N’hésitez jamais à faire demi-tour : même si le sommet est à porté de la main, si vous ne le sentez pas, faites demi-tour. Vous reviendrez un autre jour.
- Restez humble : on ne conquiert pas un sommet. On ne conquiert que soi-même
- Ne polluez pas : polluer un sommet annule son ascension. Si vous êtes incapable de monter sans vous délester de vos poubelles, faites demi-tour.